L’histoire des phares du Pays bigouden commença en 1835 avec la construction, à Penmarc’h, de celui appelé aujourd’hui « Vieux phare » après l’édification de celui d’Eckmühl qui le remplaça en 1897. Autres sentinelles de l’océan présentes sur le sol bigouden, le phare de Sainte-Mariine (1885) et celui de Loctudy, dit de Langoz, érigé en 1863.

Il est pourtant une tourelle venant un peu voler la vedette à ces colosses de pierre, le feu de la ou des Perdrix selon qu’on l’aperçoit des rivages de Loctudy ou de l’Île-Tudy. À plus d’un titre, l’histoire de cette tourelle, véritable symbole des deux villes qui se le partagent, est singulière. L’historien Serge Duigou raconte : « Elle faillit plusieurs fois être supprimée mais la détermination et la résistance des élus et des populations parvinrent à la sauver d’abord avant de pérenniser sa rassurante présence ».

La ou les Perdrix ?

Le remarquable travail de Jacques Balanec et Jean-Marie Robin sur l’historique du feu (Histoire locale et patrimoine de Loctudy) nous éclaire également sur l’évolution du lieu. « Avant 1872, il y a ce plateau rocheux appelé Ar gluger (la perdrix en breton) à l’entrée du chenal de la rivière An Teir (dite de Pont-l’Abbé), véritable danger pour les bateaux de pêche et caboteurs. Le risque est d’autant plus grand que les navires se dirigent vers trois ports de l’estuaire : l’Île-Tudy, port historique de pêche, très prospère ; Loctudy, dont le port de commerce est en plein essor ; et Pont-l’Abbé, qui exporte massivement bois de pin, pommes de terre et céréales ». En 1870, un projet de balisage est mis à l’étude. Concernant la toponymie du lieu, curieusement une carte marine de 1750 mentionne la présence du plateau rocheux sous la forme les Glugers. Il n’en faudra pas plus pour jeter la confusion sur le véritable nom du lieu : doit-on parler de la ou des Perdrix ? Qui a raison ? Nul ne le saura jamais, chacun pouvant se rassurer par l’invariabilité du nom !

D’abord simple perche rouge en bois plantée dans une petite tourelle maçonnée en 1872, le balisage s’avérera pourtant très insuffisant. La construction d’une tour en maçonnerie haute de 19,45 m surmontée d’une lanterne viendra bien après, le feu alimenté à l’huile n’étant allumé que le 25 février 1918.

Tourelle reconstruite à partir des plans de 1918

Le damier n’apparaît qu’en 1947 et devient un important marqueur touristique pour les deux communes. Véritable coup de théâtre, en 1982, quand la réglementation internationale du balisage impose que la tourelle soit repeinte….en vert ! Levée de boucliers immédiate des élus et de la population. L’administration finira par plier et accepter le maintien du damier. L’évolution du tracé naturel du chenal provoque cependant de nouveaux échouages. Pêcheurs et élus réclament un nouveau balisage en 1997, suivi par l’installation de balises vertes et rouges en 2000. La tourelle, devenue inutile, est déclassée. La tourelle perd alors sa coiffe, on envisage même de la détruire en 2002. Nouveau vent de révolte de la population et des élus. La lanterne sera reconstruite à l’identique à partir des plans de 1918. La tourelle peut reprendre sa place familière dans l’estuaire et désormais se laisser photographier et peindre, pour le plus grand bonheur des Tudistes et des touristes.

Merci à Antoine et à Evan pour leur bon travail sur l'orque.

Un exposé avec des grandes dents!